Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, j'ai envie de vous parler un peu de ma région. Après un détour par le département voisin et son vin d'Allier, direction la Haute-Loire pour découvrir un peu la dentelle du Puy.
Une partie de ma famille est originaire du Puy en Velay. Pour autant, il n'y a pas de dentellières dans les rangs. Mon seul contact avec la dentelle dans ma jeunesse a été cette photo (prise par mon père) affichée sur les murs de ma maison. Cette petite dame que je n'ai pas connue, c'était la voisine de mes grands-parents, à l'ouvrage tous les jours sur son pas-de-porte. J'aime beaucoup cette photo et ces mains usées par le temps en train d'effectuer un geste qu'on devine très précis...
Une partie de ma famille est originaire du Puy en Velay. Pour autant, il n'y a pas de dentellières dans les rangs. Mon seul contact avec la dentelle dans ma jeunesse a été cette photo (prise par mon père) affichée sur les murs de ma maison. Cette petite dame que je n'ai pas connue, c'était la voisine de mes grands-parents, à l'ouvrage tous les jours sur son pas-de-porte. J'aime beaucoup cette photo et ces mains usées par le temps en train d'effectuer un geste qu'on devine très précis...
Lors de la journée des tricoteuses au Musée Bargoin, j'avais été bluffée par le travail des dentellières alors quand j'ai vu peu de temps après que les dentellières du Couvige de Clermont exposaient, j'ai eu envie d'aller voir ça de plus près. Il était temps, c'était le dernier jour !
J'ai vu des pièces qui correspondaient à ce que j'avais en tête quand on me dit "dentelle"...
... et puis j'ai vu aussi ce foulard : une merveille ! Je ne soupçonnais même pas qu'on pouvait faire ce genre de réalisation en dentelle.
C'était au printemps dernier et j'ai mis tout ce temps pour venir vous en parler. L'expo étant finie le lendemain, c'était trop tard pour vous encourager à aller la voir et je n'arrivais pas à faire une sélection parmi toutes les photos que j'avais faites ce jour-là.
Cette expo n'avait pas une vocation pédagogique, ce n'était pas un historique de la dentelle. C'était une présentation de leur travail. Il n'y avait donc pas de petites fiches explicatives hormis sur les différents métiers à dentelle. L'occasion pour moi de découvrir qu'il y avait des différences assez notables selon les pays. De gauche à droite : métier anglais, métier espagnol à crémaillère et métier allemand. J'ai personnellement un petit faible pour le style British très coquet même si le pragmatisme allemand a son charme : un boudin, une corbeille, bim, c'est réglé ! (Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir un peu).
Une partie des dentellières étaient présentes et ont répondu avec plaisir aux questions que je me posais. C'est ça, l'avantage des expo sans trucs à lire, c'est qu'on est obligée de partir à la pêche aux infos. C'est tellement plus agréable d'apprendre grâce à des passionnées, au détour d'une conversation... Je ne vais pas vous faire un cours sur la dentelle du Puy à travers les âges, c'est pas le but ici. J'ai juste envie de partager avec vous de manière assez informelle mes petites découvertes de néophyte et surtout rendre hommage à leur travail.
J'ai réussi à comprendre un peu les spécificités de la dentelle selon les lieux en faisant le parallèle avec le tricot. La technique reste sensiblement la même. Une maille endroit reste une maille endroit quel que soit le pays pourtant on parle de tricot japonais, de tricot scandinave... Chacun son style et chacun ses petites particularités : on a mille façons par exemple de monter des mailles (à la continentale, le back loop cast on...). La dentelle, c'est pareil.
Revenons-en à la dentelle du Puy. Le carreau, c'est ce coussin carré, le métier à dentelle où est disposé tout le matériel. La partie supérieure, c'est le tambour, cylindre où est posé le carton c'est-à-dire le patron à suivre. Les épingles servent à maintenir le fil en place de façon à ce qu'il suive le modèle disposé en-dessous. Les fuseaux en bois quant à eux servent à stocker le fil et le guider.
Il existe aussi dans la région le carreau "Farigoule", du nom de son inventeur Pierre Farigoule. La différence réside dans la pièce métallique qui se dévisse sur le dessus, c'est un peu la version 2.0 du carreau du Puy en Velay classique ^^
Chaque famille avait un peu son modèle de prédilection. Les femmes de la région occupaient donc leurs soirées à faire des mètres de dentelle qu'elles vendaient par la suite. C'était un apport d'argent supplémentaire pour le foyer. La dentelle, c'était donc une affaire de famille et elle s'apprenait dès le plus jeune âge, d'où la présence de ce carreau pour enfant (sa taille fait à peu près le quart d'un carreau classique).
Ces petits ovales dans la frise ci-dessous sont une des spécialités de la dentelle du Puy. Pour l'anecdote, on les appelle les gaspilleuses parce qu'elles sont gourmandes en fils et il paraît que l'Auvergnat est radin... Je ne saurais dire si ce préjugé qui a la vie dure correspond à une certaine réalité. Comme il n'y a sans doute pas de fumée sans feu, je suppose que nous ne sommes pas de grands flambeurs. En attendant j'aime penser que l'Auvergnat près de ses sous sait toujours avoir le cœur sur la main sinon Brassens aurait choisi une autre personne dans sa chanson.
Le couvige, c'est juste le terme employé pour parler des réunions de dentellières. Sur le panneau il était inscrit "Couvige des dentellières de Clermont-Ferrand" mais si je vous le montre en entier, les détails des lettres disparaissent donc on va éviter.
Bon, maintenant je vais me taire un peu et vous laisser découvrir leurs productions riches et variées.
Je trouve le bois de ces fuseaux tellement beau. A les voir tous alignés, tout en rondeur, on a envie d'y plonger la main non ?
Pourtant je l'ai pas fait. Je jure que c'est pas moi qui aie créé ce fatras de fils. (Honnêtement, je plains celui ou celle qui devra se coller à démêler un nœud de cette ampleur.)
Ce passage d'un grand nombre de fils tout simples à un ruban discipliné, ordonné, ouvragé, me fascine. Presque je serais tentée par me lancer à la découverte d'une nouvelle technique...
Ce passage d'un grand nombre de fils tout simples à un ruban discipliné, ordonné, ouvragé, me fascine. Presque je serais tentée par me lancer à la découverte d'une nouvelle technique...
... mais quand je vois ce nombre d'épingles, j'ai juste le vertige. Comment c'est possible de mettre autant d'épingles au centimètre carré ????!!
Moi de l'Auvergne, j'ai plus choppé les gros sabots que la délicatesse de la dentellière. Aux carreaux de dentelle, je préfère mes carreaux de mosaïque que je casse à coups de pinces et de marteau mais si l'un d'entre vous a envie de découvrir davantage la dentelle, sachez qu'elles se réunissent tous les mardis et que vous avez tous les renseignements sur le papier qui suit :
C'est le même fonctionnement qu'un "café-tricot" : on amène son ouvrage, on papote, on échange des modèles, des conseils, on s'entre-aide et on apprend aux petits nouveaux. Je leur ai posé la question : elles prêtent sur place le matériel nécessaire aux novices pour qu'ils puissent tester un minimum auprès d'elles avant d'investir dans le leur. Donc si vous avez envie de vous lancer dans le monde de la dentelle, vous savez ce qu'il vous reste à faire :)