09/07/2015

Le sarouel de la grotte aux nageurs.


Le sarouel des nageurs, toute une histoire... Au tout départ, il y a un sarouel Aubin cousu à partir du livre Sarouels de Valérie Roy aux éditions Créapassions. Étant donné que je mosaïque souvent à même le sol, le sarouel c'est un peu mon bleu de travail. Il doit être avant tout confortable et m'accompagner dans mes positions improbables. J'avais donc éliminé les pinces à la taille pour y mettre à la place des smocks. Premières smocks réalisées et je crois bien que ça a été ma plus grosse crise de nerfs sur une machine à coudre...


Cette cousette date de 2013. Je m'étais dit que je le customiserais plus tard parce qu'il était un peu terne et sans histoire pour moi. Les smocks m'ayant usé les nerfs, je ne me suis jamais repenchée sur ce tissu. Surement par manque d'inspiration aussi...
Et puis cet hiver, alors que j’œuvrais sur le tote bag carnet de voyage pour ma sœur, j'ai repensé au tout premier tampon gravé indien qu'elle m'avait rapporté.


C'était peu de temps après la sortie du film Le Patient Anglais et ce petit personnage par sa simplicité, ses bras tendus et la forme de son corps nous avait évoqué, à toutes les deux, les personnages de la grotte aux nageurs.


Comme mon sarouel, il était resté toutes ces années au fond d'un tiroir en attendant d'en faire quelque chose. A priori pas de rapport entre l'Inde et le désert de Lybie et pourtant c'était limpide pour moi, ces deux là n'attendaient que de se rencontrer...


Puisque j'en étais à utiliser ce qui n'avait jamais servi, c'était l'occasion pour tester mon nécessaire à linogravure et ainsi essayer de créer d'autres tampons, cette fois-ci, je l'espérais plus proches encore de ce que je voyais dans le film.


Je l'ai donc regardé pour la énième fois et fait quelques captures d'écran.


Une fois quelques traits esquissés au crayon de papier sur la plaque de lino, il n'y avait plus qu'à se lancer. Au final, creuser avec la gouge est plus facile que je l'imaginais mais une chose est sûre, réussir à faire exactement ce qu'on veut demande de l'entraînement. Ces formes simples étaient donc l'idéal pour débuter.



J'ai n'ai pas fait de test au préalable sur un tissu. Je me suis jetée sur mon sarouel. Pourquoi cette urgence ? Je sais pas. Parfois, c'est comme ça, on a envie de tracer. Mes premiers essais se trouvent donc sur le sarouel, avec leurs imperfections, leur couleur moins marquée... et au final, ces défauts me plaisent. Le résultat est plus proche de l'art primitif et mes nageurs semblent usés par les âges.




Je me régale de les voir nager et onduler sur le tissu.



J'ai essayé de créer des alignements comme dans la fresque originale 
pour que l'impression au premier coup d’œil soit la même. 


Même si ce n'est pas fait exprès, mon chèche s'allie à merveille avec ce sarouel.
On les dirait conçus pour être portés ensemble. 



 La présence des personnages est discrète, ils longent ma jambe droite, sur l'avant et l'arrière.
Difficile de les voir de loin sous la lumière dure du soleil mais là encore, ce détail me séduit.



 J'aime bien l'idée que les nageurs se cachent dans les plis de mon sarouel comme ils se cachent dans le désert.  


Le désert a ses secrets et ses légendes et j'avais envie de vous parler d'un bijou qui trouve ses origines là-bas.

Ma grand-mère a voulu donner ses bijoux à ses enfants et petits enfants. Sachant que les perles et l'or ne me parlaient guère, elle a songé à m'offrir sa Croix du Sud.
Le bijou était très beau mais ne voulant pas suspendre à mon cou un objet dont je ne connaîtrais pas la symbolique, je suis partie à la recherche de son histoire. 
La Croix du Sud, autrement appelée Croix d'Agadez est issue de la culture touarègue.
Il existe 21 modèles de croix, chacun est l'emblème d'une région et indique ainsi la provenance de celui qui la porte. Il est dit que cette croix représenterait les 4 points cardinaux ou l'étoile qui les guide dans leurs déplacements.

Une légende entoure également ce bijou. Un guerrier voulant déclarait sa flamme à sa belle enfermée par son père demande au forgeron de lui créer un bijou pour transmettre le message à sa place. D'après ce que j'ai lu, le forgeron a une place à part chez les touaregs puisque c'est celui qui forge les instruments de cuisine, les armes, les bijoux. Il a le droit d'entrée dans toutes les familles et serait même épargné en temps de guerre. Il est ainsi le messager idéal. Amour se représentant par les symboles O et + en Tamacheq, le forgeron juxtapose ces deux symboles et camoufle le message trop évident avec des fioritures... Ainsi serait née la première croix d'Agadez.
Je suis contente qu'elle ait pensé à moi pour ce bijou dont la symbolique est on-en-peut-plus belle : un peu d'amour, un peu d'étoiles, un bijou pour se rappeler d'où on vient et pour nous aider à trouver son chemin.

  
J'espère que mon histoire de sarouel aux nageurs, de peuple berbère et de Sahara vous aura fait sentir le vent chaud du désert dans vos cheveux.


A tant parler de nageurs, je ne peux que vous présenter un chat qui nage en plein bonheur dès que je porte un sarouel... Mon félin croit que ces vêtements sont des hamacs à chat. Avec cette chaleur, il dégouline là dedans comme un Carambar sur un radiateur.


Quant à la table en mosaïque qu'on entraperçoit sur la photo, je vous en parle lundi... Je vous laisse pour l'heure avec la belle musique de Gabriel Yared. A chaque fois que je l'entends, j'ai envie de revoir le film. Si vous ne l'avez jamais vu d'ailleurs, ruez-vous sur ce chef-d’œuvre. C'est un de ces films rares qui vous emporte loin, d'une poésie et d'une esthétique éblouissantes.


(Toutes les photos de cet article autres que les miennes sont directement issus du film)

23 commentaires:

  1. Merci pour ce voyage dans le temps et dans l'espace, on reste sous le charme... La musique ravive les images.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cette musique est enivrante je trouve... elle m'emmène toujours très loin. Merci

      Supprimer
  2. Merci pour ce beau moment passé à vous lire et admirer votre créativité. Beau bijou, belles histoires de Grand-Mère et de touaregs. J'avais beaucoup aimé le film et j'ai envie de le revoir grâce à vous.

    RépondreSupprimer
  3. Très sympa !
    Jolie légende, joli collier, joli sarouel, joli tout !

    RépondreSupprimer
  4. J'adore, je craque, je fonds, pour ton sarouel ! Les smocks, ça me fait peur et ton billet ne me rassure pas sur le sujet... Pour les tampons, je trouve que c'est encore une belle idée que tu as eu et le résultat est sublime... Bon, je vais arrêter cette pluie de compliments... Merci pour la petite histoire de ton bijou qui n'en a que plus de beauté.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En théorie, c'est simple. Il suffit de mettre un fil élastique dans la canette... sauf que moi, ça a jamais marché. Alors, j'ai du faire à l'ancienne. Parfois je tirais trop sur l'élastique et la couture lâchait. C'était trop lâche, trop serré, trop irrégulier, j'ai défait, refait... mais sinon, en théorie c'est simple :)
      Et merci pour cette pluie de compliment! ^^

      Supprimer
  5. Oh qu'il est beau ce sarouel !!!

    RépondreSupprimer
  6. Une très jolie histoire, ton sarouel est très réussi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci! sans ces tampons, il lui manquait ce petit truc en plus pour que je craque pour lui.

      Supprimer
  7. Très belle idée ! J'aime beaucoup les nageurs tant sur la fresque que sur ton sarouel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci :) J'ai un petit truc avec les peintures rupestres en général, elles me fascinent.

      Supprimer
  8. En fait tout est parfait dans ce billet: l'ouvrage, l'histoire, le bijou, les photos...même le carambar!!!

    RépondreSupprimer
  9. J'adore ces petits nageurs, ils se font discrets sur les photos, mais de près ça a l'air très beau

    RépondreSupprimer
  10. Trop beau, et les couleurs ton sur ton c'est top!

    RépondreSupprimer
  11. Hello, je passe pour la première fois par ici ^^
    Dis donc quel article fournit. Une petite séance histoire et géographie, du ciné, de l'art de la mode et même un chat ! (Qui d'ailleurs est trop mignon. Et je suis sure que si j'étais un petit félin, j'adorerais moi aussi m'installer sur ton sarouel.)
    En tout cas ta customisation est rigolote, ça rend ton vêtement unique. Et j'aime l'idée que tes nageurs ne recouvrent pas la totalité du tissus. (Ça aurait fait too much et linéaire) Bravo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Darkrevette, j'adore ton nom et je viens de remettre ton blog : la nenette qui demande à son chat de faire à manger ^^ Bon, ici, on attend toujours... trop occupé à dormir dans son hamac...
      Un grand merci pour ton commentaire!

      Supprimer
  12. Que j'aime ce film, ça fait une éternité que je ne l'ai pas revu pourtant...il va falloir remédier d'urgence à ça!
    Moi je suis pas une grande fan de sarouels (je suis plutôt fifille obsessionnelle de la robe à fleurs) mais j'aime beaucoup ce que tu as fait du tien :)
    Gros bisous et caresse au chat(mais pas trop, il faudrait pas le réveiller le pauvre) :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aime bien les robes à fleurs aussi mais au milieu de la poussière et des éclats de verre... c'est pô une bonne idée ;)
      Caresse transmise au fauve étendu de tout son long devant le ventilo... dure vie...

      Supprimer

=^.^= Oooh chic, chic, chic! on va me laisser un petit mot!

(Si vous n'avez pas de blog , que vous publiez sous le statut "anonyme", pensez à signer avec un petit prénom ou un pseudo. C'est tellement plus agréable de savoir à qui je m'adresse)