Oula ! Ça fait bien longtemps que je ne suis pas venue écrire sur ce blog (même que je ne trouvais plus le bouton "écrire un nouvel article" sur l'interface, c'est dire... ). Il faut avouer que quelques projets m'ont bien occupée et je suis ravie de vous les dévoiler enfin ici.
Je vous présente donc mon yarnbombing fraîchement installé : l'arbre Totem.
Encore une fois, c'est en papotant avec l'Homme que l'idée d'un arbre Totem est apparue dans la conversation. J'ai réfléchi aux arbres du plateau central clermontois et celui-là m'est tout de suite venu en tête.
Il est particulier hein ? Comme sur un piédestal, sorti de nulle part au beau milieu du goudron et des immeubles.
Cet ilot de nature qui jaillit, j'avais une envie folle de le mettre en valeur (en tout cas d'essayer).
Quelques recherches sur les totems, quelques croquis... cela se précisait.
Il y
aurait :
- Castor inquiet avec un air tristoune, forcément avec tous ces feux de forêts, il n'a plus beaucoup
d'arbres à se mettre sous la dent (et c'était aussi un clin d’œil à
l'Homme et sa bannière)
- Renard guerrier, avec ses peintures de guerre. Mon animal fétiche depuis toujours, ex aequo avec l'écureuil mais il fallait bien faire un choix.
- un animal non identifié, inspiré des totems classiques. Après une longue conversation avec mon fiston, on est tombé d'accord : ce serait Ours en colère. Avec la banquise qui fond plus vite que prévu, j'serais un ours polaire, moi aussi, j'serais un peu vénère.
- Chouette insomniaque qui manifestement a ingéré beaucoup trop de caféine et/ou a développé une légère addiction aux séries (ne me jugez pas, ça aide quand on tricote exclusivement by night).
- et pour finir, Aigle au regard perçant qui sur la photo a un peu un œil qui dit m**** à l'autre. Je m'en suis rendu compte à 23h la veille de l'installation, j'ai pratiqué une opération en urgence, ça va mieux maintenant ;)
Tous ces animaux et moi, on était fin prêts pour l'installation, au pied de l'arbre, avec un beau soleil au-dessus de la tête. Oh que j'aime cette douce saison !
Au niveau réalisation, pour les curieux, j'ai tricoté un grand rectangle de 90 x 150 cm. On dirait pas comme ça, il paraît petit cet arbre mais il faut quand même une bonne couverture de lit une place pour le recouvrir...
Le tout est cousu sur l'arbre en couture invisible.
Comme on me voit coudre, certains passants croient que j'ai tout fait sur place. Comment dire... non ! Je tricote vite mais pas à ce point. Il y a quand même bien 2 mois de travail, de façon décousue certes mais 2 mois pour tricoter la toile de fond, former les différents appliqués, les coudre... Le fond est tricoté exclusivement en aiguilles 6 et les détails souvent en 3,5. J'utilise uniquement de la récup' : ouvrages détricotés, fin de pelotes de mes pulls ou laine qu'on m'a donnée (merci Béatrice et Emilie !). Je travaille donc avec des coloris imposés, en tricotant souvent deux fils à la fois et en changeant les fils progressivement pour qu'on ne voit pas les changements de textures et de couleurs et/ou en rayures.
Je crois qu'il m'a fallu grosso modo une heure pour le mettre en place. J'avoue ne pas trop aimer ça. C'est un peu un truc contre-nature pour moi, j'suis pas à l'aise. J'ai peur de la réaction des gens, j'ai le trac quoi. Donc, quand j'arrive au dernier point, je suis soulagée !!
Surtout qu'on a toujours des surprises le Jour J. Déjà parce qu'entre le moment où je repère le lieu et où j'installe, il se passe à peu près un an. Je suis lente à l'exécution depuis la naissance de mon fils... J'ai toujours peur que l'arbre se fasse ratiboiser, que le banc disparaisse ou que le quartier soit mis en chantier. Là peu de choses ont changé. Seule la devanture du bar Le Massillon a été graffée. Donc, l'arbre n'ayant pas forci de façon radicale en quelques mois, je pense que si ça ne s'est pas passé comme je voulais, c'est plutôt à cause de mes mauvaises mesures...
Comme vous pouvez le voir sur le croquis, j'avais prévu, compte tenu de la forme parfaite des branches, de faire des ailes. J'avais tricoté de quoi recouvrir les branches et j'avais plein de plumes prêtes à le parer et à le laisser prendre son envol.
J'ai merdouillé, il n'y a pas d'autres mots. La tête de l'aigle se trouvant trop basse sur le tronc, ça ne faisait absolument pas un effet d'ailes mais plutôt une touffe de cheveux bizarroïdes. Mauvaises mesures ou travail à la hâte. A contre cœur, j'ai rangé les bandes de tricot et mes plumes... J'adorais cette idée, je m'en veux d'avoir raté la réalisation.
Il me reste donc des dizaines de plumes sur les bras. je suis sûre qu'elles n'auront pas été tricotées en vain. Je vais les garder précieusement dans un coin d'atelier en attendant de leur trouver un nouveau projet. J'ai placé tout de même 3 d'entre elles à l'arrière du tronc pour lui donner un faux air de calumet de la paix et j'ai improvisé un rond en crochet façon dreamcatcher "freestyle".
C'était pas prévu du tout mais j'aime bien.
De profil, ça donne en prime une chevelure farfelue à l'aigle.
Et le voilà !
J'avoue, je suis contente de le voir installé parce qu'il prenait un peu toute la place au sol dans mon atelier de poche et que la cohabitation avec tous ces animaux devenait difficile.
Je les ai trainés un peu partout avec moi et surtout dans la chambre de mon fils pendant qu'il jouait avec son fidèle Batman (visiblement celui-ci en a eu ras le c** de Gotham et a migré vers les palmiers de Miami). Ce castor a vécu. J'peux vous dire que Thomas s'est roulé dessus comme un petit chat. Castor a reçu des papouilles et s'est aussi fait écraser les pattes par des petites voitures. J'ai adoré les discussions qu'on a eu autour de ce yarnbombing, les réflexions de Thomas et ses "pourquoi", ses suggestions autoritaires concernant la place d'un élément...
Il connaissait le totem dans les moindres recoins mais il a quand même fait le curieux le jour J. Et dire que cette grande saucisse sur la pointe des pieds était un bébé hier...
Après une petite escalade obligatoire, il ne s'est pas trop attardé sur le sujet. Son truc à lui, le jour J c'était plutôt de courir en cercles autour du totem. Je suppose une sorte de danse de la joie ou une mystérieuse cérémonie chamanique...
Je suis sûre que ce castor va se sentir bien seul en n'étant plus cajolé (et asticoté) par Thomas alors si vous passez par là, n'hésitez pas à aller le câliner de notre part.
J'ai plutôt joué sur la sobriété. Pas trop de fanfreluches. Du jersey sur toute la longueur. Seule exception : des points chevrons sous le renard pour accentuer sa forme triangulaire.
Le reste n'est que forme géométrique. Des ronds, des ovales, des rectangles, des triangles. Tantôt au tricot, tantôt au crochet. Le tout assemblé et cousu en couches successives.
C'est le bec de l'aigle qui m'a posé le plus de problèmes. J'ai dû tenter au moins 3 versions différentes, plus ou moins crochues, plus ou moins grandes. Une vraie galère pour le faire tenir là-haut. Je trouvais que la version initiale ressemblait à une grosse patate douce mais c'est quand même celle que j'ai choisie. C'est dire si les autres n'étaient pas terribles !! ;) Finalement, une fois en place, on dirait quand même un bec crochu et mon aigle "patate douce" a au moins le mérite de me faire rire.
Ce totem est situé sur le parcours urbain du Such'art au croisement de la rue Massillon et de la rue Savaron.
Je ne peux que vous conseiller de vous saisir de ce mini guide urbain (disponible à la Maison du Tourisme) et d'aller profiter des belles journées d'automne pour vous promener dans les rues du centre ville clermontois. Il y a une multitude de nouvelles merveilles (dont cette fresque de xzxzstudio) (le chat de DN, vous le connaissez déjà). Je compte bien vous en parler, j'ai juste un peu de mal à me fixer devant mon clavier...
Tant que vous êtes par là, passez donc par Rosa Da Rua -le café, vous ne serez pas déçu (mais ça aussi, je vous en reparle bientôt, promis !). Merci à Franck et Christophe pour leur présence toujours bienveillante... et pour les madeleines au sésame noir et au beurre salé. Un délice !! (non vraiment, je vous sur-conseille cette adresse si vous avez la même tendance gourmande que moi).
Une bien belle journée : Anne ma tricopine de tous les défis qui vient me faire un coucou, ma famille en soutien et les mots doux des passants...
L'occasion de faire un petit clin d'oeil à une vieille photo.
Mon premier yarnbombing, le dernier en date. Deux arbres, deux chouettes. 2012 versus 2019.
Finalement, je n'ai pas trop changé ;)
Je ne compte pas le laisser en place des mois et des mois. Déjà parce que la laine finit toujours par s'abîmer et aussi parce que j'aime bien les surprises éphémères : "coucou me voilà, coucou j'suis plus là !"
J'ai cherché des infos et d'après ce que j'ai vu, je ne pense pas que le yarnbombing soit néfaste pour les arbres mais je pense que ça ne doit pas s'inscrire dans la durée pour eux. Certaines personnes ont pu via facebook soulever certains problèmes : chaleur accrue pour eux lors des canicules, humidité davantage retenue par la laine (quand la neige fond par exemple), augmentation du nombre d'insectes ou de parasites ?
Je dois avouer ne pas trouver d'études ou d'éléments sur le sujet donc dans le doute, je maintiens les règles que je m'étais fixée : installation ponctuelle durant une période de l'année sans conditions météos extrêmes...
Mon message se voulant écolo, ce serait un comble de jouer avec Mère Nature. Ce sont mes seuls arbres habillés à ce jour et je pense que j'essayerais de focaliser mes prochains projets sur le mobilier urbain...
Oui, je pense déjà aux prochains projets... Incorrigible !